Les secours annoncent plus de 400 morts en deux semaines d’offensive ennemie sur le nord de l’enclave, dont 33 dans un bombardement sur le camp de réfugiés de Jabalia, hier.
SYNTHÈSE — L’entité sioniste a bombardé hier la bande de Gaza après une frappe qui a fait plus de 30 morts dans le nord du territoire palestinien, où l’armée poursuit son offensive visant à écraser le Hamas, décimé après un an de guerre et la mort de son chef.
La Défense civile a annoncé que 33 personnes avaient été tuées et «des dizaines» blessées dans un bombardement sur le camp de réfugiés de Jabalia, une région du nord de Gaza.
Elle a aussi indiqué que plus de 400 personnes étaient mortes depuis le début de l’offensive de l’armée sioniste sur le nord du territoire, le 6 octobre, visant des combattants du Hamas en train selon l’entité sioniste d’y reconstituer leurs forces.
«Nous avons trouvé plus de 400 morts dans les différents secteurs visés du gouvernorat de Gaza-Nord, qui inclut la ville de Jabalia et son camp de réfugiés, les villes de Beit Lahia et Beit Hanoun, depuis le début de l’opération militaire», a précisé à l’AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de cet organisme dépendant du mouvement de la résistance palestinienne. Selon lui, au bilan de 386 morts établi avant-hier s’ajoutent les 33 morts dans une frappe sioniste sur le camp de Jabalia hier avant l’aube. Et «il y a des dizaines de corps dans les rues de Jabalia tués par les bombardements incessants», a-t-il souligné.
Interrogée par l’AFP sur d’éventuelles frappes qu’elle aurait menées dans la soirée sur cette zone et les éventuels objectifs visés, l’armée d’occupation n’a pas immédiatement répondu, un porte-parole indiquant être « en train de vérifier ». Le bilan inclut des enfants, des femmes et des personnes âgées, a ajouté Mahmoud Bassal. «On a beaucoup d’appels de familles victimes de frappes dans le camp de Jabalia (…) mais nos équipes ont du mal à accéder à cette zone», a-t-il dit. Dans certains secteurs, les communications et le réseau internet sont coupés, ce qui complique la tâche des secouristes et empêche les habitants de contacter les services d’urgence, a précisé M. Bassal.
Cette zone densément peuplée, ravagée par les hostilités et dévastée plus encore par les nouveaux bombardements, a déjà été deux fois le théâtre de combats parmi les plus violents depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas sur l’entité sioniste le 7 octobre 2023.
Au moins 52 Gazaouis tués en 24 heures
De son côté, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé hier un nouveau bilan de 42.519 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec l’entité sioniste il y a un an.
Au moins 19 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué qui n’inclut pas le bilan de 33 morts lors d’une frappe nocturne sur le camp de réfugiés de Jabalia, ajoutant que 99.637 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
Le mouvement de la résistance palestinienne avait affirmé avant-hier que les otages retenus dans la bande de Gaza ne seraient pas libérés avant «l’arrêt» de l’offensive sioniste.
Le Hamas a assuré que le décès de son chef, Yahya Sinouar, considéré comme l’architecte de cette attaque tué mercredi dans une opération sioniste dans le sud de Gaza, «renforcerait» le mouvement.
Yahya Sinouar, 61 ans, dirigeait depuis 2017 le Hamas à Gaza, avant d’être nommé début août chef du mouvement après la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran dans une attaque attribuée à l’entité sioniste.
D’après le New York Times, qui a interrogé le médecin légiste chargé de l’autopsie dans l’entité sioniste, le chef du Hamas a d’abord été grièvement blessé au bras lors d’un échange de tirs, puis tué d’une balle dans la tête.
Selon des journalistes de l’AFP et la Défense civile, plusieurs frappes aériennes ont visé la bande de Gaza hier matin, notamment le camp de Jabalia où trois maisons ont été visées après la frappe meurtrière de la nuit. L’armée d’occupation a indiqué «vérifier» les informations faisant état de frappes à Jabalia.
Des témoins ont signalé des tirs nourris et des bombardements à l’artillerie sur ce camp ainsi que des frappes sur celui de Bureij, dans le centre du territoire. Selon des médecins, les forces sionistes ont bombardé l’Hôpital indonésien de Beit Lahia, dans le nord.
«Profonde inquiétude»
Le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, avait déclaré jeudi que l’assassinat de Yahya Sinouar marquait «le début de la fin» de la guerre à Gaza.
Plusieurs dirigeants étrangers ont émis l’espoir que cette disparition ouvre la voie vers un cessez-le-feu et la libération des otages. Le président américain, Joe Biden, y a ainsi vu l’opportunité «d’un chemin vers la paix» au Proche-Orient.
Mais plusieurs analystes soulignaient que la mort du chef du Hamas désorganisait encore davantage le mouvement, à présent éparpillé en petites cellules, compliquant d’autant de futures négociations.
«Les efforts de négociations étaient précédemment tous basés sur l’idée que Sinouar disposait d’un lien avec la plupart de ceux qui détenaient des otages, et qu’il pouvait façonner leurs actions», a résumé Jon Alterman, du think-tank américain Csis. «La photo est bien plus floue maintenant et nous devrions assister à des dénouements variés, a ajouté cet expert.
Les familles des otages ont d’ailleurs exprimé leur «profonde inquiétude» sur le sort de leurs proches. Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 97 sont toujours otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.
Dans la bande de Gaza assiégée, des Palestiniens hésitaient entre espoir et résignation. «Maintenant que Sinouar a été tué, nous espérons que la guerre s’arrêtera», a affirmé l’un d’eux, Ali Chameli. Mais «la guerre ne s’est pas arrêtée, et les tueries continuent avec intensité», a souligné un autre habitant du territoire, Jemaa Abou Mendi.
L’entité sioniste largue des tracts avec une photo du corps de Sinouar et un message au Hamas sur le sud de la bande
Parallèlement, des avions sionistes ont largué hier des tracts au-dessus du secteur sud de la bande de Gaza, sur lesquels est affichée une photo du chef du Hamas abattu Yahya Sinouar, accompagnée d’un message indiquant que «le Hamas ne gouvernera plus jamais Gaza». Les tracts reprenaient ainsi les termes utilisés par le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu, rapporte l’agence Reuters.
Selon des habitants de la ville de Khan Younès et des images circulant sur Internet, le tract rédigé en arabe disait : «Quiconque déposera les armes et remettra les otages sera autorisé à partir et à vivre en paix». Le texte du tract est tiré d’une déclaration de Netanyahu faite jeudi après que Yahya Sinouar a été tué la veille par des soldats sionistes opérant à Rafah, dans le sud, près de la frontière égyptienne.
Au moins 42.500 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués jusqu’à présent dans l’offensive sioniste à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Le petit territoire, assiégé par l’entité sioniste, est un véritable «enfer sur terre» pour le million d’enfants qui y vivent, a affirmé l’Unicef avant-hier.
La Presse de Tunisie avec agences et médias